Sachez en prendre soin...
Entre autres réputations, l'âne a celle d'être un animal rustique. Comme toutes réputations, celle-ci est à prendre avec circonspection. Il y a du vrai et du faux. Il est vrai que l'âne mange beaucoup plus d'espèces de plantes que le cheval. Il aime bien les plantes ligneuses, grignote volontiers des arbres, en particulier les fruitiers, et peut même attaquer le bois bien sec des clôtures ou des huisseries de son écurie. De même, il mange et digère sans problème du grain non concassé. Que ce soit de l'orge, du mais ou une autre céréale, on ne retrouve pas de grains entiers dans ses crottins.
Cette différence avec le cheval est assez importante, par ses causes et ses conséquences. Les causes sont sa "mentalité" et sa façon de manger. En effet, l'âne est un animal calme qui, sauf erreurs d'éducation qui l'ont rendu exagérément gourmand voire boulimique, ne se jette pas sur un seau de grain comme s'il était affamé. Il mange ce qu'il lui faut et laisse souvent du grain dans son seau. Il mange lentement et mâche consciencieusement. En conséquence, il digère bien ses aliments. Il évite ainsi bon nombre d'accidents de digestion parfois gravissimes chez le cheval, et d'autre part, en assimilant sa nourriture au maximum, il se contente de quantités bien moindres.
L'âne mange peu et boit également peu, rarement plus de 10 litres par jour, souvent à peine un demi-litre, mais toujours de l'eau très propre. Il a besoin de boire moins parce qu'il dépense moins qu'un cheval et transpire peu et rarement. Il est vraisemblable qu'il utilise mieux que le cheval l'eau de son alimentation, ce qui suppose quelques différences physiologiques du côté des reins, à moins qu'il n'ait, comme le chameau ou le dromadaire, la possibilité de "réserve aqueuse", mais cela reste à étudier. Il est également vrai qu'il est plus "costaud" qu'un cheval, et très endurant. Son dos plat, son encolure courte, l'ensemble de sa morphologie font qu'il peut porter et tracter plus lourd qu'un cheval. Les petits ânes africains aux jambes grêles, qui trottinent sous une charge dont même leurs oreilles ne dépassent pas, en sont l'exemple typique. Ce sont entre autres ces qualités que l'homme a exploitées en les amplifiant, en créant des grands mulets.